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© Jingkun Xu #VG2024

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Premier « problème » austral en vue

Les voilà bien embarqués, nos mineurs de fond avec le ciel pour seul horizon, et quelques fichiers météorologiques violacés à compulsivement étudier. Car tous, peu importe leur placement de la flotte, se préparent pour l’arrivée de deux grosses dépressions australes avec le potentiel d’un sacré coup de grisou.

Attention, grimpette en cours ! Si jusque là, la procession en queue-leu-leu avait plutôt été de mise en tête de flotte, le cortège a bien volé en éclats depuis 36 heures. Rassurez-vous, nulle fâcherie n’est à l’origine de cette dispersion, ou plutôt si : deux belles dépressions qui viennent jouer les trouble-fêtes, et obligent les marins à se gratter la tête.

En tête justement, le duo Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) maintient pour l’heure sa trajectoire plein Est, pariant sur leur vitesse pour se dégager de la zone à problèmes. Car il ne fera guère bon d’être dans les parages d’ici 48 heures ! Un petit monstre austral est en cours de formation, promettant des rafales à 60 nœuds et des creux de 8-9 mètres en son cœur, qu’il a donc bien généreux. Le pari de la part des deux hommes de tête est engagé, et il ne faut pas se louper ! Déjà ralentis dans une zone de transition cette nuit, chaque heure perdue sur les routages peut compliquer leur situation, et il ne faudrait pas que les deux comparses s’éternisent trop en chemin. Mais bien sûr, le gain promis si leur pari est réussi est alléchant, puisque tendre la trajectoire leur permet de réduire la route par rapport aux autres camarades. A 7 heures toutefois, le duo à son tour faisait cap vers le Nord-Est !
« Je préférais faire ce choix tôt ! »

Premier à grimper ainsi et mettre le cap sur l’Indonésie flanqué de son acolyte Jérémie Beyou (Charal, 6e), Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 5e) a bien voulu nous faire un peu de pédago météo :

Sur le papier bien sûr, « la route n’est pas gagnante », reconnaît le marin Vannetais, mais si dans quelques jours elle leur permet de naviguer dans des conditions plus maniables, tout en préservant le bateau, cela peut s’avérer un calcul pas si perdant ! Ces dernières heures, on a d’ailleurs vu Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) et Yoann Richomme (Paprec-Arkea, 3e), mettre aussi du Nord dans leur trajectoire. Comment Nicolas Lunven analyse-t-il le choix de ses prédécesseurs ?

Et ça se voit sur la carto, où les vitesses entre deux pointages font carrément le yo-yo ! C’est d’ailleurs ce qui a permis à Paul Meilhat (Biotherm, 9e), pourtant mal servi après son passage du Cap des Aiguilles, de revenir fort cette nuit sur Yannick Bestaven (8e) et Sam Goodchild (VULNERABLE, 7e). Tous trois aussi ont commencé l’ascension pour faire le dos rond !
Passage de Bonne Espérance ardu

Derrière, le groupe mené par Samantha Davies (Iniatives-Cœur, 10e) et fermé quelques 500 milles plus loin par Damien Seguin (Groupe Apicil, 18e) continue de progresser à bonne allure, et va devoir lui aussi bientôt se positionner pour la suite des hostilités.

Le troisième groupe, mené encore au classement par Isabelle Joschke (MACSF, 19e) aura quant à lui deux autres difficultés sur lesquelles plancher. D’abord une première dépression qui va les cueillir dans les prochaines heures avec une relative intensité, et surtout la seconde à partir de vendredi midi, qui va coïncider aussi avec leur approche du Cap de Bonne Espérance. Et ça, à bord, on n’aime pas franchement le tableau ! En temps calme, la zone, parcourue par le redoutable courant des Aiguilles, est déjà un petit sujet, alors avec du vent qui soulève la mer, c’est coton ! Et surtout, pas de possibilité de fuir la dépression par le Nord, à moins de vouloir aller saluer d’un peu trop près les falaises d’Afrique du Sud…

Une situation à laquelle Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo For a Job, 22e), essaie de se préparer tant bien que mal :Car ces dernières 48 heures, Benjamin Ferré s’était effectivement régalé à batailler dans son petit groupe d’acharnés. Grâce à son spi sorti malgré une brise qui le mettait souvent « à la limite de la connerie » et en « angoisse paralysante », le « bizuth », par ailleurs handicapé par un winch défaillant, s’est refait une santé :
« Je me méfie vraiment des prochaines heures »

Signe tout de même que l’heure est à la prudence, Benjamin Ferré nous racontait à l’aube avoir affalé son spi « à la Mich’ Desj’ », la barre entre les jambes, en rentrant ces centaines de mètres carré de voile depuis le cockpit directement « dans le placard »… « Vous direz à Mich Desj que j’ai réussi à faire une Mich Desj en pleine nuit, hein », lançait, ragaillardi par sa manœuvre réussie, le vibrion, décidément « bien heureux d’être en mer ». Réalise-t-il pleinement qu’il est en train de faire le tour du monde avec son bateau Théophile ?

Source Vendée Globe